Première capitale de l’Égypte depuis 5 000 ans. L’éternelle Memphis d’où l’histoire commença.

Première capitale de l’Égypte depuis 5 000 ans.
L’éternelle Memphis d’où l’histoire commença.
La ville de « Memphis » ou « Inbo Hajj » et « Hat Ka Ptah » en égyptien ancien, et « Memphis » en grec, et ces différents noms de la ville égyptienne ont toujours suscité aussi l’imagination des historiens que la curiosité des chercheurs et des explorateurs. Memphis n’est pas seulement une ville éternelle dans les pages de l’histoire, mais une cité-berceau où l’histoire commença.
Memphis fut la première capitale unifiée de l’Égypte, et celle de la première région de Basse-Égypte. Du coup, elle joua un rôle majeur tout au long de l’histoire de l’Égypte ancienne. Son emplacement actuel est occupé par le village de « Mit Rahina », situé à 24 km au sud du Caire. Peut-être que la grandeur historique de « Memphis » réside-t-elle dans le fait que l’un de ses noms ou le nom de son grand temple « Hat Ka Ptah » (Temple de l’Esprit de Ptah) fut dérivé du nom grec de l’Égypte « Agyptus », d’où le nom « Égypte » ainsi prononcé dans toutes les langues du monde.
La première capitale de l’Égypte
Les racines historiques de la ville de Memphis remontent au début de la période dynastique. L’égyptologue Dr. Muhammad Rafât Abbas explique que Memphis fut fondée vers 3100 avant JC comme un repère historique à la suite de l’unification de la Haute et de la Basse-Égypte. Elle devint ainsi la première capitale d’une Égypte unifiée, voire un symbole du premier gouvernement central de l’histoire non seulement de l’Égypte mais du monde antique. Cela fut le faire du premier roi de la première dynastie, le légendaire roi Narmer ou Mina, selon la grande majorité des historiens.
Les historiens ont rapporté que le roi « Mina » entoura « Memphis » de murs blancs de briques, d’où l’ancien nom égyptien « Enbo Hajj » signifiant le Murail ou le château blanc. Quant au nom « Memph » « Memphis en grec », les historiens voient qu’il est dérivé de l’ancien mot égyptien « de Nefer », le nom de la pyramide du roi « Bibi I » de la sixième dynastie, situé près de la ville au sud de Saqqarah dans le gouvernorat de Gizeh.
Le Topos géographique
Memphis occupait une position géographique privilégiée qui permit de contrôler les deux parties du pays, les différentes régions du delta. De plus, Cette position lui favorisa l’accès facile aux routes commerciales s’étendant à travers le désert, du Levant et de la mer Rouge Jusqu’au désert. C’est grâce à cette position que la ville atteignit l’apogée de sa gloire politico-culturelle au début de l’ère dynastique « 3100-2686 avant JC ». Dans l’Ancien Empire (2686-2181 av. J.-C.), elle resta la capitale politique et administrative de l’Égypte tout au long de cette période.
Les Dieux à Memphis
Memphis fut considérée, tout au long de son histoire, comme un grand centre religieux de l’Égypte ancienne. « Ptah » y était, en même temps le dieu des arts et de l’artisanat (des artistes et des artisans), et l’idole principal. Il se fut incarné en une forme humaine. C’est pourquoi une théorie religieuse de la genèse lui était associée : celle de « Memphis ». La célèbre triade de Memphis se constitua de lui, de sa femme l’idole « Sekhmet » et de son fils l’idole « Nefertum ».
Le Cimetière de Memphis
L’immense cimetière de Memphis s’étendait à des zones importantes telles « Abu Rawash », Gizeh, Zawiya al-Arian, Abu Sir, Saqqarah et Dahchour. C’est ce que les archéologues (comme les égyptologues) appelaient le « Cimetière Exilé », car les rois d’Égypte, les dirigeants, les princes et les hauts fonctionnaires y furent enterrés. Leurs tombeaux nous ont apporté, tout au long de cette époque, les trésors de l’ancienne civilisation égyptienne ainsi que ses créations architecturales artistiques. Il a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.
Memphis à travers les siècles
Dr. Mohammed Rafât Abbas met en lumière l’histoire de Memphis à travers les âges. Dans la première ère de transition (2181-2055 av. J.-C.), Memphis perdit son statut de capitale politique de l’Égypte. Les circonstances politiques aboutirent au déplacement de la résidence royale à « Ehnasia » (Hérakleopoulis) sous le règne de la IXème et Xème dynasties (l’époque Ehnassie). De nombreux centres civilisationnels, culturels et religieux rivaux de Memphis émergèrent tels « Ashmonin » et « Hermopolis » en Moyenne-Égypte, et « Thèbes », Louxor actuelle, en Haute-Égypte.
Il semble que Memphis ait retrouvé une grande partie de son importance au début de l’ère du Moyen Empire « 2055-1650 avant JC » après le transfert de la résidence royale à « Al-Lisht » près de la nécropole de Memphis par le roi « Amenemhat » I, fondateur de la XIIe dynastie, et pendant l’ère du Nouvel Empire « 1550-1069 avant JC ».
La Capitale militaire
Memphis fut la capitale militaire de l’Égypte, dont l’empire s’étendait sur Syrie, la Palestine et la Nubie Kouch. Elle fut également le principal centre des campagnes de guerre égyptiennes à cette époque. Son emplacement lui permit de contrôler la vallée du Nil et les couloirs menant à Koush, ainsi que la frontière orientale. Cela autorisa aux garnisons militaires égyptiennes de se déplacer rapidement dans les cas urgents. Les campagnes de guerre les plus importantes en Asie furent lancées sous le règne des rois Thoutmôsis III et Amenhotep II de Memphis étant un centre de fabrication d’armes et d’entraînement de véhicules de guerre. Une importante base navale, le « Pro-Nefer », y fut établie sous la XVIIIe dynastie sur la branche Pelosi du Nil.
La Capital administratif
En contrepartie de la montée de Thèbes comme résidence royale et capitale politico -religieuse du pays pendant la majeure partie de la 18ème dynastie, de nombreux historiens ont fait valoir que Memphis était la capitale administrative de l’Égypte. Des preuves archéologiques et textuelles suggèrent que Memphis devint la résidence royale, donc la capitale administrative de l’Égypte au cours de la seconde moitié de l’ère ramesside. Les antiquités trouvées à cette époque indiquent également la grandeur de leurs merveilleux monuments.
À l’aube de la fin des années 1069-332 av. J.-C., lors du déclin de la civilisation égyptienne antique, Memphis revint pour être le siège royal et la capitale du pays. Mais elle fut soumise à de nombreuses invasions dévastateurs de la ville majestueuse, conquise par les Kushites, les Assyriens et les Perses.
La Rosette
Les textes indiquent que, pendant la période ptolémaïque, les rois ptolémaïques étaient désireux d’être couronnés à Memphis pour la vénérer. Les noms de couronnement royaux de la plupart des rois ptolémaïques comprenaient le nom de l’idole Ptah, le Dieu de Memphis. La ville devint la concurrente de l’Alexandrie, fondée par le chef des envahisseurs macédoniens, Alexandre le Grand. Cette ville fut la plus grande ville égyptienne du monde tout au long de la période ptolémaïque.
Peut-être l’un des plus grands exploits historiques de Memphis à cette époque serait-il le célèbre décret inscrit (par ses prêtres et sur ses terres, sous le règne du roi Ptolémée V) sur la pierre de Rosette en égyptien et en grec, en caractères hiéroglyphiques, démotiques et grecs. L’égyptologue français Jean-François Champollion est crédité d’avoir révélé les significations de la langue égyptienne ancienne en 1822. Par conséquent, l’égyptologie est apparue révélant les secrets de la grandiose civilisation égyptienne antique après qu’elle a eu été un mystère mystérieux pour les scientifiques et les chercheurs.
L’avènement de l’islam
Les textes archéologiques indiquent qu’il y avait, à l’époque romaine, beaucoup de palais et d’énormes monuments à Memphis. Mais alors, il semblait que le soleil de Memphis dans l’histoire soit sur le point de se coucher. Avec l’avènement de l’islam en Égypte en 641 CE. la ville de Fustàt, fondée de par les conquérants arabes musulmans près des vestiges de Memphis, cette dernière perdit beaucoup de son importance.
Tout au long de l’époque islamique, les ruines de Memphis servirent de carrière de pierre utilisée pour construire de nombreuses grandes structures du Caire telle la citadelle de Saladin. Cela ne se limitait pas à Memphis, mais aussi à ses immenses cimetières, ainsi qu’à Dahchour, Saqqarah, Abu Sir et Gizeh.
Des Monuments intemporels
Les antiquités de la ville de Memphis découvertes ont donné aux chercheurs des informations précieuses sur l’histoire et la civilisation de l’Égypte tout au long des deux périodes en Égypte : la période dynastique et la période hellénistique. Malheureusement, la plupart des monuments de la ville ont disparu et beaucoup sont encore enterrés sous des terres agricoles. Les archéologues pensent que la ville antique est actuellement située sous les dépôts profonds de limon du Nil à l’ouest du fleuve.
Le site de Memphis (actuellement Mit Rahina) comprend de nombreux monticules archéologiques s’étendant sur des endroits éloignés, ainsi que de grands bassins d'eau couvrant d'importants sites archéologiques en contrebas.
Actuellement, le site archéologique de Memphis était limité à quelques points archéologiques autour du village de Mit Rahina près de la rive ouest du Nil, qui comprenait d’importants vestiges de Memphis dont un petit musée et un autre en plein air dans lequel certaines des statues découvertes sur le site sont exposées. La plupart des objets exposés remontent au Nouvel Empire.
Ramsès II
L'un des monuments les plus étonnants de Memphis est la statue géante du roi Ramsès II allongé sur le dos dans le bâtiment de son musée à Mit Rahina. La statue est en calcaire ; c'est la jumelle de la célèbre statue géante du roi « Ramsès II » sortie de Memphis. Elle se trouvait au milieu de la place Ramsès (anciennement Bab al-Hadid) au plein centre du Caire, actuellement dans le Grand Musée égyptien.
Le Sphinx
Parmi les monuments les plus importants découverts à Memphis, figure la statue colossale du roi Ramsès II sous la forme d'un sphinx de granit rouge. Il se trouve actuellement au Musée d'archéologie et d'anthropologie, Pennsylvanie, États-Unis. Il est noté à travers les inscriptions dessus qu'il comprenait cinq noms du roi Ramsès II inscrits sur la poitrine et la base. Le roi Méneptah, fils et successeur du roi Ramsès II, plaça ses sceaux sur les épaules de la statue après la mort de son père. Cette statue est la troisième plus grande statue de Sphinx au monde après les célèbres statues du plateau de Gizeh et la statue située à « Mit Rahina » dans le musée ouvert, qui est fait d'albâtre.
Le musée ouvert
Le musée de Mit Rahina « Memphis » contient un certain nombre d'autres magnifiques statues du roi Ramsès II. On compte, parmi les plus remarquables, la statue debout en granit rouge, dont des études récentes ont montré qu'elle appartenait à l'origine au roi Sésostris Ier de la XIIe dynastie, et l'immense Sphinx en albâtre, qui remonte à l'ère de la Nouvelle Royaume. Cette statue est la deuxième plus volumineuse du sphinx, après la célèbre statue de la colline de Gizeh.
Il y a également quelques tables de momification, dans la maison des veaux "Apis", car ces animaux étaient le symbole sacré de l'idole "Ptah". Il fut embaumé lors d'une cérémonie religieuse solennelle, pour être placé dans le Serapeum de Saqqarah sous la supervision du grand prêtre de l'idole "Ptah".
Parmi les monuments importants de Memphis figurent les vestiges du mur qui entourait le Grand Temple de Ptah. Il fut construit sur une vaste zone, dont la majeure partie est actuellement couverte de terres agricoles. La majorité de ce qui reste du temple de Ptah est historiquement associée au règne du roi Ramsès II. Ce temple était l'un des plus grands d'Égypte. Il n’en reste aujourd'hui que des parties de la salle hypostyle.
Le musée égyptien du Caire possède de nombreux artefacts merveilleux sortis de Memphis, « Mit Rahina ». Le plus important est le célèbre artefact de calcaire, sur lequel le roi Ramsès II était représenté en train de punir trois prisonniers qui représentaient les ennemis traditionnels de l'Égypte contre les Nubiens, les Libyens et les Asiatiques. Le pharaon portait une couronne de guerre brandissant une hache de combat.