La tête humaine la plus ancienne au Musée égyptien d’al-Tahrir

La tête humaine la plus ancienne au Musée égyptien d’al-Tahrir
Elle remonte à «la Civilisation de Mérimdé » 4800 av. J.-C.
Dans une vitrine au Musée égyptien du Caire, se trouve une tête humaine en argile aux traits bruts datant de la période néolithique (4800-4500 av. J.-C.), la « tête de Mérimdé », l’une des plus anciennes sculptures d’art de la civilisation égyptienne antique.
Historique de la découverte
En 1982, l’allemand « Josef Einwanger » de l’Institut allemand d’archéologie a retrouvé « Ras Marmada » dans la cinquième (et dernière) couche du village de « MérimdéBeni Salama », un petit village situé dans le sud-ouest du delta près du village de « Al-Khatatbèh » à environ 50 km au nord-ouest du Caire. Ce village est rattaché administrativement au Centre de « Imbaba » dans le gouvernorat de Gizeh.
Description de la tête
Bien que la tête soit rudimentaire, elle montre certaines expressions artistiques. Car elle prend la forme d’un ovale en terre cuite (argile brûlée), tachée de résidus de coloration ocre (colorant rouge). L’artiste eut l’intention d’indiquer les traits du visage sans détails : les yeux sont des cavités profondes, le nez petit et saillant, et la bouche serrée. La tête, le menton et les joues ont également de nombreux trous pour retenir les mèches de cheveux. Sous le menton, il y a une grande cavité. L’on dirait une tête d’un homme.
Symbole religieux
La présence de la cavité sous le menton de la « tête de Mérimdé » a fait croire à de nombreux chercheurs que cette tête était celle d’une idole fixée dans un bâton que les prêtres brandissaient lors des processions religieuses à l’époque néolithique. Surtout que le fait de porter certains slogans ou symboles religieux fut clairement établi à l’époque de Nagada II (3600 à 3300 av. J.-C.), la deuxième étape civilisationnelle des temps prédynastiques en Égypte. Ce phénomène s’est également poursuivi à l’époque de Nagada III (3300 à 3000 av. J.-C.), de l’Antiquité et de l’Ancien Empire. Voilà ce qui peut suggérer que « tête de Mérimdé » fut un outil rituel porté dans les processions, et que le concept de l’émergence d’une forme religieuse sacrée avec une tête humaine, émergea depuis la civilisation de « Marmada Beni Salama ».
Marmada Beni Salama
Le site Marmada Beni Salama (environ 5000 à 4100 av. J.-C.) est le premier témoignage de la vie d’un village où la population s’installa dans la vallée du Nil. C’est grâce à l’archéologue allemand Hermann Juncker que le village a été découverte en 1928. L’archéologue Dr. Zahi Hawass dit qu’il existe de nombreux sites archéologiques importants inconnus en Égypte ou à l’étranger. Si bien qu’ils ne sont pas moins importants que les sites des pyramides de Gizeh, Saqqarah et Louxor (y compris la vallée des rois). Leur importance peut même dépasser celle des pyramides elles-mêmes, y compris Le site Marmada Beni Salama.
« Le site Marmada Beni Salama » est l’un des plus anciens villages néolithiques. C’est-à-dire qu’il remonte à la période néolithique. Sa superficie est d’environ six acres. Il remonte à sept mille ans. Ainsi cela signifie-t-il qu’il est le plus vieux village de la planète. De plus, la planification du village ainsi que ses silos à grains, nous montrent que « Marmada » représentait l’apogée du progrès humain sur le plan de la gestion et la vie dans une communauté coopérative sous le commandement d’un président.
Dans son livre « Le Proche-Orient ancien en Égypte et en Irak », le pionnier de l’égyptologie, le Dr Abdul Aziz Saleh, décrit les monuments de « MarmadaBeni Salama », en distinguant quatre caractéristiques. Le village connut deux types d’habitations, dont l’une a une base de forme ovale, construite en « sacs » d’argile mouillé dans une large fossé où environ un quart en reste sous le niveau du sol. Ce qui conduit à la stabilité de ses murs et le protège des rafales de vent. Son propriétaire y descend de l’extérieur sur une marche de la patte de « l’hippopotame », largement utilisée, à cette époque, comme escalier, peut-être pour sa dureté, sa résistance au temps, ou peut-être comme amulette pour se protéger des prédateurs. La marche fut aussi un tronc d’arbre.
L’autre type d’habitation est une « cabane » ovale construit en lin près des fermes. Les agriculteurs s’y reposaient et y dormaient les nuits d’été, pendent les saisons de récolte. Ce rythme de travail agricole perdure jusqu’à présent.
L’enterrement des morts
La deuxième caractéristique de Marmada Beni Salama est relative à la manière d’enterrer les morts. Les habitants furent l’habitude d’enterrer la plupart de leurs morts dans leurs habitations les déposant sur le côté droit afin qu’ils tournent leurs visages vers l’est, vers leurs maisons. Ne leur fournissant pas d’offrandes spéciales, ils se bornaient à une poignée de blé, placée parfois près de la bouche. Les gens croyaient qu’enterrer les morts parmi les habitations, ce fut leur permettre de partager avec eux ce qu’ils mangent et boivent dans leurs foyers, sans avoir besoin d’offrande.
Le plus ancien village égyptien
La troisième caractéristique de Marmada est que certaines de ses habitations dont quelques restes « du premier type » ont été découvertes furent construites en deux rangées presque droites, séparées par un chemin étroit. C’est le plus ancien tracé connu des villages égyptiens à ce jour. Il offre également la première preuve de l’entente et de l’autorité sociale dans le village.
La sculpture
La quatrième caractéristique de « Marmada » est associée au début des arts. Car ses artisans, ayant le goût artistique primitif, ouvrirent de nouveaux champs pour la formation de poterie et de pierres. De nombreux artefacts furent trouvés. De tels modèles sont considérés comme les premières étapes connues en matière sculpter des statuettes égyptiennes à l’aube des temps. Un modèle d’un petit bateau de poterie a également été trouvé, fait probablement de faisceaux de papyrus. Il est considéré comme la première indice prouvant l’habitude des gens des premières périodes de l’ère néolithique de naviguer dans le Nil. Une petite pierre sculptée de basalte a ensuite été trouvée : elle représente l’un des plus anciens récipients en pierre solide connus.
Le progrès civilisationnel
L’égyptologue Dr Ali Radwan affirme dans son livre « Esquisses des époques de la préhistoire et début des dynasties en Égypte », que les habitants de Marmada connaissaient l’agriculture, les céréales, le pâturage, la poterie, le tissage, et la bijouterie. Aussi, ajoute-t-il que la poterie rainurée de Marmada ne fut pas décorée.
La civilisation de Marmada nous fournit des informations précieuses sur la vie, les croyances et le progrès urbain dans la période néolithique prédynastique. Ses habitants s’habillèrent en lin. Les femmes portèrent des colliers d’huîtres, des bagues en os, des boucles d’oreilles en ivoire. Les archéologues ont découvert des récipients en pierre rare faits de basalte et de granit. Ils ont découvert également des haches de combat, des flèches et des lances. Bref, les villageois de Marmada connurent les plus anciens arts de sculpture.