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Rois, reines et dynasties

Rahotep et Nefert :  La véracité de leurs yeux horrifie les archéologues

Rahotep et de son
Rahotep et de son épouse Nefert - Musée égyptien – Salle 32

Si vous êtes sensible à la beauté et à la puissance expressive de l’art ancien, la statue de Rahotep et de son épouse Nefert comblera votre regard.

Chef-d’œuvre de la sculpture de l’Ancien Empire, cette œuvre figure parmi les pièces les plus admirées du Musée égyptien du Caire, sur la place Tahrir.

Le couple éternel de Meïdoum

Rahotep porta plusieurs titres prestigieux : prêtre en chef d’Héliopolis, commandant de l’armée et « fils du roi ». Son épouse, Nefert — dont le nom signifie « la belle » en égyptien ancien — appartenait elle aussi à la cour royale. Les deux statues, sculptées dans le calcaire, datent de la IVᵉ dynastie et furent découvertes à Meïdoum, dans l’actuel gouvernorat de Beni Soueif, en Moyenne-Égypte.

Selon Bardis Samir, chercheuse spécialisée en art de l’Égypte ancienne, ces deux statues illustrent la synthèse entre idéalisme et réalisme propre à la statuaire de l’Ancien Empire : “ Rahotep, à la peau brunie par le soleil, incarne la vigueur du chef militaire habitué aux marches sous la chaleur ; Nefert, au teint clair, évoque la femme noble et réservée à la sphère domestique”.

Face à elles, le visiteur perçoit une impression de vie presque palpable : un mari et une épouse assis côte à côte, figés dans la pierre, mais animés d’une présence saisissante.

Lire aussi : Résurrection et immortalité : les croyances des anciens Égyptiens - Par Yasser Ghobeiry

Le secret de leur beauté

L’attrait de ces statues ne tient pas seulement à la finesse de leurs traits, mais aussi à leur état de conservation exceptionnel. Les couleurs, d’une fraîcheur remarquable malgré les millénaires, témoignent du génie technique et du sens artistique de leur sculpteur, capable d’exprimer l’intimité du couple avec des outils rudimentaires. Selon Bardis Samir, chercheuse spécialisée en art de l’Égypte ancienne, ces deux statues illustrent la synthèse entre idéalisme et réalisme propre à la statuaire de l’Ancien Empire : “ Rahotep, à la peau brunie par le soleil, incarne la vigueur du chef militaire habitué aux marches sous la chaleur ; Nefert, au teint clair, évoque la femme noble et réservée à la sphère domestique”.

Des yeux trop vrais pour être de pierre

Mais c’est surtout le regard du couple qui fascine et trouble. Les yeux incrustés, d’un réalisme saisissant, furent façonnés à partir de cristaux de roche, d’albâtre et d’obsidienne, fixés avec une précision telle que, lors de la découverte de la statue, les ouvriers prirent peur et s’enfuirent, croyant voir deux êtres ressuscités. Les archéologues eux-mêmes furent stupéfaits par cette illusion de vie : la minutie du travail des yeux conférait aux visages une intensité presque humaine.

 

L’élégance et le rang de Nefert

L’analyse des vêtements de Nefert révèle une recherche esthétique raffinée : ses habits, finement sculptés et peints, indiquent le haut rang social de cette femme et son goût affirmé. Comme le souligne Bardis Samir, ces détails témoignent d’une époque où, même si la mode n’existait pas encore en tant que concept, la représentation du vêtement devenait déjà un marqueur de statut et d’identité.

L’égalité dans la représentation

Autre singularité : les deux statues sont de taille identique. Ce choix artistique marque une évolution importante à partir du règne du roi Khafraa : “la femme n’est plus représentée comme une figure secondaire, mais comme une partenaire à part entière de l’homme.” Nefert, assise à la même hauteur que son époux, incarne la dignité et la place croissante des femmes dans la société égyptienne ancienne.

Le couple, symbole d’harmonie éternelle

À travers Rahotep et Nefert, les artistes de Meïdoum ont figé pour l’éternité l’idéal du couple égyptien : l’union de la force et de la beauté, du réalisme et du symbole. Leur regard, intact après plus de quatre millénaires, semble encore interroger celui du visiteur : non pas comme des figures de pierre, mais comme des présences suspendues entre la vie et l’au-delà.

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