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Rois, reines et dynasties

À Louxor, la tombe d’Amenhotep III renaît après vingt ans de restauration

Égyptologie

Symbole de l’âge d’or du Nouvel Empire, la sépulture du “pharaon solaire” rouvre ses portes dans la vallée des Rois, au terme de deux décennies d’un chantier exemplaire mêlant savoir-faire égyptien, expertise japonaise et engagement de l’UNESCO.

 

Sous le ciel d’ocre et de lumière du versant ouest de Louxor, la vallée des Rois retrouve un éclat oublié. Après plus de vingt ans d’efforts patients, la tombe d’Amenhotep III, l’un des souverains les plus puissants de l’Égypte ancienne, a rouvert ses portes. Ce projet, fruit d’une coopération internationale rare, a mobilisé restaurateurs, ingénieurs, égyptologues et conservateurs, unis par la même ambition : redonner vie à un chef-d’œuvre menacé par le temps.

Mohamed Mahmoud, restaurateur égyptien aujourd’hui retraité, était présent à la cérémonie. Ému, il a confié : “Voir ces murs renaître, c’est revoir un ami que le sable avait enseveli. C’est la récompense d’une vie entière.”

L’inauguration, présidée par le ministre du tourisme et des antiquités, Sherif Fathy, s’est tenue en présence de la directrice du bureau régional de l’UNESCO au Caire, Nuria Sanz, et du secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités, Mohamed Ismaïl Khaled. Ensemble, ils ont salué “une victoire du savoir et de la patience”, selon les mots du ministre, face à l’érosion des siècles.

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Vingt ans pour sauver un chef-d’œuvre du Nouvel Empire

Lancé en 2001, le projet de conservation des fresques murales de la tombe du pharaon s’est étendu sur plus de deux décennies, réparties en trois grandes phases. Conduit sous l’égide du Conseil suprême des Antiquités égyptien, des universités japonaises Waseda et Higashi Nippon, et du Fonds en fidéicommis japonais de l’UNESCO, il a mobilisé un savoir-faire à la croisée des civilisations.

“Ce projet illustre ce que la coopération scientifique peut produire de meilleur”, a rappelé M. Fathy, saluant les restaurateurs qui, des années durant, ont œuvré dans les profondeurs du désert thébain. Parmi eux, Mohamed Mahmoud, restaurateur égyptien aujourd’hui retraité, était présent à la cérémonie. Ému, il a confié : “Voir ces murs renaître, c’est revoir un ami que le sable avait enseveli. C’est la récompense d’une vie entière.”

Sa tombe, l’une des plus vastes de la vallée des Rois, témoigne de cette splendeur : parois couvertes de textes funéraires du Livre de l’Amduat, plafond bleu constellé d’étoiles jaunes, scènes rituelles évoquant le voyage du roi parmi les dieux.

Le pharaon solaire retrouve sa demeure éternelle

Fils de Thoutmosis IV et père d’Akhénaton, Amenhotep III régna sur l’Égypte vers 1390 avant notre ère, à l’apogée de sa puissance artistique et politique. Sa tombe, l’une des plus vastes de la vallée des Rois, témoigne de cette splendeur : parois couvertes de textes funéraires du Livre de l’Amduat, plafond bleu constellé d’étoiles jaunes, scènes rituelles évoquant le voyage du roi parmi les dieux.

Découverte en 1799 par les ingénieurs Prosper Jollois et Édouard de Villiers du Terrage lors de la campagne d’Égypte, puis explorée par Howard Carter en 1915, la sépulture a connu de nombreuses épreuves : infiltrations d’eau, salinité, fissures et effondrements. Les fresques, lentement altérées, menaçaient de disparaître.

Les restaurateurs ont depuis réassemblé plus de deux cents fragments du couvercle du sarcophage royal en granit rouge, nettoyé les parois, stabilisé les voûtes et renforcé les colonnes fragilisées. Des technologies de pointe, comme la numérisation 3D ou le contrôle microclimatique, ont permis d’assurer une conservation durable.

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Une alliance de science et de mémoire

“Cette restauration n’est pas seulement un acte de préservation, c’est un acte de transmission”, a souligné Nuria Sanz. Pour l’UNESCO, cette tombe n’est pas qu’un monument : elle incarne la continuité d’une civilisation et le dialogue entre les peuples.

L’entrée du tombeau, désormais dotée de panneaux explicatifs et d’un plan interactif, accueille les visiteurs dans un parcours à la fois scientifique et sensible, où chaque hiéroglyphe semble raconter une histoire retrouvée. Mohamed Ismaïl Khaled résume l’esprit du lieu :“Amenhotep III a régné sur un empire de lumière. Aujourd’hui, cette lumière revient à nous.”

L’éternité retrouvée

Dans le silence du tombeau, les scènes peintes sur les murs reprennent leur sens premier : celui d’un voyage vers la renaissance. Les étoiles, les barques solaires, les dieux à tête de faucon ou de chacal rappellent que, dans l’Égypte ancienne, la mort n’était qu’un passage.

En rendant à la tombe d’Amenhotep III son éclat originel, l’Égypte offre au monde bien plus qu’un site restauré : une leçon de persévérance et de dialogue culturel, où la mémoire des pierres se conjugue au présent.

 

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