Sharm el-Cheikh, 22 h 30. La chaleur du jour s’estompe, la ville s’apaise. Pourtant, à quelques kilomètres de la mer Rouge, les visiteurs continuent d’affluer vers le musée de Sharm el-Cheikh. Dans la douceur du soir, et sous les lumières tamisées des allées ; la visite prend des allures de promenade à travers le temps. Ici, l’Égypte ancienne se raconte sous un angle nouveau — celui d’un dialogue continu entre nature, art et civilisations.

Crédit photo : Fatma Baroudi
L’Égypte, un dialogue entre l’homme et la nature
Dès l’entrée, la scénographie invite à contempler cette relation intime que les anciens Égyptiens entretenaient avec leur environnement. Momies d’animaux, bas-reliefs et statuettes rappellent l’importance du monde vivant dans la pensée pharaonique. Faucons, crocodiles, ibis ou félins, tous participaient à un système symbolique complexe où la nature devenait un miroir du divin.


Les anciens Égyptiens momifiaient les ibis, symbole du dieu Thot. Ces oiseaux étaient placés dans des sarcophages en bois en forme d’ibis, ornées de têtes et de pattes en bronze. Ils étaient également incrustés et couronnés de couronnes de bronze, parfois d'or. Crédit photo : Fatma Baroudi
Plus qu’une collection archéologique, ces galeries racontent une philosophie : celle d’un peuple qui voyait dans la faune et la flore des partenaires, non des ressources.


Le Faucon Horus. Les anciens Égyptiens appelaient le faucon « Bek », titre désignant la jeunesse du roi et des dieux. Ils le vénéraient comme un dieu du ciel, son nom exprimant le Très-Haut et le sublime. On le voit également lever le disque solaire, et jouir du titre Seigneur du ciel et du soleil. Crédit photo : Fatma Baroudi
La société pharaonique, un ordre du monde
La visite se poursuit dans les salles consacrées à la structure sociale de l’Égypte antique. Les objets présentés — outils, parures, documents administratifs — illustrent une société hiérarchisée, unie par la foi en la résurrection.

Badi Amon Neb Nesuttawy était un scribe du temple de la déesse Mout et l'un des prêtres du dieu Ptah. Crédit photo : Fatma Baroudi

Boulager. Crédit photo : Fatma Baroudi
Les navires funéraires exposés évoquent le voyage de l’âme vers l’au-delà, accompagnée par le dieu Rê dans sa barque solaire. Le visiteur comprend peu à peu que l’organisation du monde terrestre n’était qu’un reflet du cosmos : ordonné, stable et éternel.


Crédit photo : Fatma Baroudi
Tanagra et la grâce du quotidien
Plus loin, un espace plus intimiste surprend par sa douceur : celui des statues de Tanagra, petites figurines en terre cuite d’inspiration grecque, découvertes dans les nécropoles égyptiennes. Drapées de vêtements finement modelés, ces silhouettes féminines traduisent une esthétique nouvelle, plus humaine et sensible.

Crédit photo : Fatma Baroudi
Elles témoignent des échanges artistiques entre l’Égypte et la Méditerranée hellénistique, lorsque les formes venues de Grèce se mêlaient à la sensibilité locale. Dans cette salle, le musée révèle une Égypte ouverte, curieuse, capable d’intégrer le raffinement étranger sans renier son identité.
Les thermes romains, une Égypte cosmopolite

Crédit photo : Fatma Baroudi
La découverte se prolonge avec les bains romains, vestiges d’une autre époque d’influences et de brassages. Reconstitués avec soin, ces espaces rappellent combien l’Égypte, sous domination romaine, fut aussi un territoire d’échanges et de confort urbain.
Les visiteurs y apprennent que les thermes, au-delà de leur fonction hygiénique, étaient des lieux de sociabilité et de culture. Les mosaïques, colonnes et bassins exposés témoignent d’une Égypte cosmopolite, où la pierre parlait latin, mais où l’esprit restait profondément nilotique.
Trésors royaux et héritages modernes
L’une des pièces maîtresses du musée reste la collection dédiée à Toutânkhamon. Dix artefacts issus de son trésor, présentés avant leur transfert au Grand Musée égyptien de Gizeh, restituent la beauté fragile de ce jeune roi au destin mythique.

Crédit photo : Fatma Baroudi
À quelques pas, les bijoux de la dynastie de Muhammad Ali, réalisés dans les ateliers européens les plus prestigieux, incarnent une autre Égypte : celle du XIXᵉ siècle, curieuse du monde et fière de son héritage.
Le Sinaï, mémoire vivante du désert
La visite s’achève dans une atmosphère plus terrestre, au cœur du patrimoine du Sinaï. Textiles bédouins, tentes traditionnelles et objets artisanaux révèlent la richesse des cultures nomades qui peuplent encore la région.
À travers ces pièces simples et colorées, c’est une Égypte populaire, vivante, enracinée dans le sable et le vent, qui prend la parole.
Un voyage émouvant dans l’Histoire

Crédit photo : Fatma Baroudi
Lorsque les portes du musée se referment doucement, un silence attentif envahit les couloirs. Les derniers visiteurs s’attardent, fascinés, devant une vitrine ou une statue. Certains murmurent, d’autres restent immobiles, comme saisis par la beauté du passé. En quittant le bâtiment, beaucoup gardent ce même regard ému, celui de ceux qui viennent de toucher du doigt une part d’éternité. Une expérience nocturne inédite, que nul ne semble prêt d’oublier.
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Horaires de visite
Matin : de 10 h à 13 h
Soir : de 17 h à 23 h.
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