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Rois, reines et dynasties

Le dernier roi de la XVIIIᵉ dynastie : Horemheb, le général issu du peuple

Égyptologie

Parmi les grandes figures de l’Égypte ancienne qui n’ont pas reçu la reconnaissance qu’elles méritaient, se distingue le général et dernier souverain de la XVIIIᵉ dynastie, Horemheb, que l’égyptologue Abdel Hamid Zayed décrivait comme « le père du peuple et l’ami des paysans ».

Issu des rangs populaires, Horemheb partagea la vie et les difficultés du peuple égyptien. Il connaissait ses désirs, ses besoins et les injustices qu’il subissait. Grâce à cette proximité, il sut traduire les aspirations du peuple en décisions concrètes, identifier les maux qui rongeaient la société et y remédier avec efficacité. Il gagna ainsi l’estime et l’affection des Égyptiens, comme le rapporte l’égyptologue  Selim Hassan dans sa monumentale “Encyclopedie de l’Égypte ancienne”.

Les historiens considèrent le règne d’Horemheb, ainsi que ceux de ses successeurs Ramsès Ier et Séthi Ier, fondateurs de la XIXᵉ dynastie, comme une période charnière de l’histoire de l’Égypte ancienne : celle où les militaires accédèrent au trône, inaugurant la domination durable de l’institution militaire sur le pouvoir politique durant tout l’âge ramesside.

Selon le chercheur Mohamed Raafat Abbas, Horemheb fut un homme de guerre cultivé, profondément attaché à l’identité égyptienne et à l’idéal de justice. Il joua un rôle essentiel dans le survie de l’État égyptien après la grave crise religieuse et politique d’Amarna. Il rétablit l’équilibre entre gouvernants et gouvernés, lutta contre la corruption et mit fin aux abus qui avaient accompagné la chute du culte d’Aton.

Considéré comme le père spirituel de l’époque ramesside et le véritable fondateur de la XIXᵉ dynastie — bien qu’aucun lien de sang ne l’unisse à ses successeurs —, Horemheb fit preuve d’un rare désintéressement. Soucieux avant tout de préserver la stabilité du pays, il choisit pour lui succéder le général Pa-Ramessou, futur Ramsès Ier.

Il fut aussi le premier à percevoir les dangers que faisaient courir à l’empire égyptien les réformes religieuses du roi Akhenaton, responsables de la perte d’influence de l’Égypte en Syrie et au Levant. Malgré sa loyauté envers son souverain, Horemheb, sous le règne du jeune Toutânkhamon, fut l’artisan de la reconquête des territoires perdus, comme en témoignent les reliefs de sa tombe monumentale à Saqqarah.

 

Origines

Selon plusieurs sources historiques, Horemheb serait originaire de la ville d’Héracléopolis Magna (Hut-Nen-Nesou, aujourd’hui Ihnasya el-Medina, en Moyenne-Égypte*). Sous le règne d’Akhenaton, il gravit rapidement les échelons de l’armée jusqu’à devenir commandant en chef. Sous Toutânkhamon, il atteignit le rang de vice-roi, assumant d’importantes fonctions administratives et militaires.

L’accession au trône

Horemheb monta sur le trône après la mort du roi Aÿ, sans doute en raison de l’absence d’héritier légitime. Certains historiens évoquent un règne conjoint entre Aÿ et Horemheb, hypothèse plausible puisque tous deux appartenaient à la même élite militaire.

Un règne de restauration

Le règne d’Horemheb se caractérisa par une politique d’assainissement intérieur. Il rétablit l’ordre, l’unité et la stabilité dans le pays après le chaos d’Amarna. Dans ses inscriptions, il se présente comme le successeur direct du roi Amenhotep III, ignorant délibérément la lignée des souverains amarnéens — Akhenaton, Smenkhkarê, Toutânkhamon et Aÿ — dont il ne reconnaissait pas la légitimité.

Sur le plan militaire, il relança les campagnes vers l’Asie et affronta les Hittites lors de la seizième année de son règne. Il mena également une expédition en Basse Nubie, dont les reliefs du Gebel el-Silsila célèbrent la victoire. Ces exploits furent gravés sur les murs des neuvième et dixième pylônes du temple de Karnak, à Louxor.

Sa tombe

Avant même de devenir roi, Horemheb avait fait construire, sous le règne de Toutânkhamon, une première tombe à Saqqarah, nécropole de l’ancienne Memphis. Découverte en 1975 par la mission archéologique conjointe de la Egypt Exploration Society et du Musée national des Antiquités de Leiden (Pays-Bas), cette tombe de type « temple » est l’une des plus importantes découvertes du XXᵉ siècle.

Les reliefs, d’une finesse remarquable, offrent de précieuses informations sur la carrière militaire d’Horemheb avant son accession au trône. On y recense près de 90 titres honorifiques et fonctionnels, pour la plupart d’ordre militaire.

Devenu roi, il fit bâtir une seconde tombe, selon la tradition des pharaons, dans la Vallée des Rois, à Louxor, où il fut inhumé.