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Égypte antique

Les astronomes de l’aube : quand l’Égypte antique scrutait les étoiles

 Le sphinx de Gizeh
Le sphinx de Gizeh sous un ciel étoilé

Bien avant Galilée et les télescopes modernes, les anciens Égyptiens levaient les yeux vers le ciel avec une précision qui continue d’émerveiller les chercheurs. Leurs observations du soleil, de la lune, des étoiles et des planètes ne relevaient pas du simple émerveillement : elles structuraient leur vie, leurs rituels et leur économie. Dans cette Égypte où le Nil dictait les saisons, le ciel était un autre fleuve — celui du divin et du savoir.

Les anciens Égyptiens excellaient dans l’observation des corps célestes — le Soleil, la Lune, les étoiles, mais aussi certaines planètes. De nombreuses représentations sur les murs des temples et des tombes en témoignent. Ainsi, selon le guide touristique et historien renommé Bassam El-Shammaa, l’astronomie jouait un rôle essentiel dans la vie quotidienne, rituelle, économique et religieuse des anciens Égyptiens.

Plafond astronomique turquoise du temple d'Hathor, à Dendérah, en Égypte. 

 

Les planètes, divinités naviguant dans le ciel

Le Dictionnaire de l’Égypte ancienne précise qu’à partir du Moyen Empire, il y a environ 4 000 ans, les Égyptiens connaissaient déjà cinq planètes, qu’ils représentaient comme des divinités naviguant dans le ciel à bord de barques. Ces astres, qualifiés de « étoiles qui ne se reposent jamais », étaient les suivants :

Dans le Papyrus de Neferty, conservé à Saint-Pétersbourg, un passage atteste que les Égyptiens avaient observé une éclipse totale du Soleil. Le texte dit :« Le Soleil est obscurci, il ne donne plus de lumière visible aux hommes. »

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Jupiter, appelé Her, « celui qui détermine les Deux Terres ». Her est la forme hiéroglyphique du dieu Horus, et l’expression « Deux Terres » désigne sans doute la Haute et la Basse-Égypte. Jupiter, la plus grande des planètes du système solaire, était déjà bien connue des astronomes de l’Antiquité et associée à des mythes et cultes dans de nombreuses civilisations ; les Romains l’appelaient « Jupiter », dieu du ciel et de la foudre.

Le plafond astronomique vibrant de la salle hypostyle du temple d'Hathor, à Dendérah, en Égypte. Ce plafond est une représentation symbolique du ciel, avec la lune montante et descendante traversant le ciel dans la barque de Rê.

 

Mars, que les Égyptiens nommaient Her-des-horizons ou Her-le-Rouge. Cette appellation suscite l’étonnement : elle correspond exactement à la désignation moderne de « planète rouge », preuve que les Égyptiens avaient déjà perçu la véritable couleur de cette planète.

Mercure, connu sous le nom de Sebegu, divinité associée au dieu mythique Seth, frère d’Isis, d’Osiris et de Nephtys.

Saturne, appelé Horus, le Taureau du Ciel.

Vénus, désignée comme « celle qui traverse le ciel » ou « la déesse du matin », connue aujourd’hui sous le nom de Venus.

L’éclipse, un mystère observé et consigné

El-Shammaa ajoute que les Égyptiens connaissaient également le phénomène de l’éclipse. Dans le Papyrus de Neferty, conservé à Saint-Pétersbourg, un passage atteste que les Égyptiens avaient observé une éclipse totale du Soleil. Le texte dit :« Le Soleil est obscurci, il ne donne plus de lumière visible aux hommes. » Il poursuit :« L’homme ne peut vivre quand planent les nuages orageux », et encore:« Tous s’étonnent de sa disparition. »

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Les signes d’un savoir cosmique

L’égyptologue Abdel Halim Nour El-Din mentionne, dans son ouvrage La langue égyptienne ancienne, plusieurs signes hiéroglyphiques relatifs à ces phénomènes : la Lune dont la moitié inférieure est sombre ; le croissant d’Iah (la Lune) ; l’étoile Seba ; l’heure Wenut ; le jour Heru ; le mois Abd ; le Soleil rayonnant ; le mot Akhou, signifiant « la lumière du Soleil » ; et Kekou, symbole des ténèbres.

Tous ces éléments confirment la maîtrise remarquable des anciens Égyptiens en astronomie, leur connaissance approfondie de l’univers, des orbites célestes et des planètes du système solaire.

Quand le ciel guidait la Terre

L’astronomie égyptienne n’était pas une science abstraite. Elle régissait le calendrier agricole, déterminait les fêtes religieuses et orientait l’architecture des temples. Le lever héliaque de Sirius (l’étoile Sopdet) annonçait chaque année la crue du Nil, événement fondateur de la civilisation égyptienne.

Ainsi, l’Égypte antique fut non seulement le berceau de la civilisation, mais aussi celui d’une véritable science du cosmos, où la contemplation du ciel se confondait avec la quête du divin. À travers les étoiles, les anciens Égyptiens cherchaient à comprendre l’ordre du monde — et, quelque part, ils y sont parvenus.

 

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