Le Président italien Sergio Mattarella et Sherif Fathy Ministre du Tourisme et des Antiquités à l’exposition « Trésors des Pharaons »
Dans les salles solennelles de la Scuderie del Quirinale, au cœur de Rome, l’Égypte antique retrouve une voix. Le 23 octobre, le Président italien Sergio Mattarella a inauguré l’exposition « Trésors des Pharaons » en présence du ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, Sherif Fathy, et de son homologue italien de la Culture, Alessandro Giuli. Un événement aux allures à la fois diplomatiques, culturelles et profondément symboliques.
Dans les rues, le visage noble de la reine Iâh-Hotep s’affiche sur les façades et dans les couloirs du métro. Rome semble soudain marcher au rythme de Thèbes et Memphis, comme si la ville avait accepté de suspendre le présent pour renouer avec un temps où religion, art et pouvoir formaient une seule et même matière.
L’exposition réunit 130 pièces provenant du musée du Caire et du Musée d’Art de Louxor : statues royales, reliefs, parures funéraires, éléments de culte, ainsi que de précieuses pièces liées aux rituels de l’au-delà. Mais ici, pas de catalogue aligné.
Lire aussi : L’Égypte, primée comme meilleure destination patrimoniale mondiale

40 000 billets vendus avant même l’ouverture
Le succès, avant même de se concrétiser, avait déjà une mesure. 40 000 billets ont été achetés avant l’ouverture au public, signe d’un engouement remarquable. Et dès le premier jour, le chiffre a grimpé à 50 000. À l’entrée, les files n’en finissaient plus ; on attendait, parfois longtemps, mais sans impatience. L’Égypte inspire le rituel, le temps long, la déambulation.
Face à cet afflux, les organisateurs envisagent déjà d’étendre les horaires de visite en soirée. Le public italien ne vient pas seulement « voir » des vestiges : il vient chercher une expérience, un récit, une forme de relation intime avec une civilisation dont l’écho n’a jamais cessé de traverser les siècles.
Une exposition pensée comme un récit, pas une vitrine

L’exposition réunit 130 pièces provenant du musée du Caire et du Musée d’Art de Louxor : statues royales, reliefs, parures funéraires, éléments de culte, ainsi que de précieuses pièces liées aux rituels de l’au-delà. Mais ici, pas de catalogue aligné.
Lire aussi : Le Grand Musée égyptien se dote d’un site internet avant son inauguration
« Ce n’est pas une reconstruction du passé, mais un dialogue vivant avec lui », a déclaré le Dr Mohamed Ismaïl Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités, lors de l’inauguration. Il évoque des œuvres qui « défient l’oubli », façonnées pour résister à l’érosion du temps, transportant avec elles une idée du monde.
Quand la diplomatie rencontre la mémoire
Au-delà de la fascination, l’exposition s’inscrit dans une stratégie culturelle plus large. Sous le slogan « Egypt… A diversity unmatched », un espace dédié à la promotion touristique accompagne l’événement : films immersifs, cartes, parcours proposés, et QR codes renvoyant à des expériences numériques d’exploration du pays. Ici, l’héritage devient passerelle.

Jusqu’en mai 2026, Rome sera ainsi le théâtre d’une rencontre rare : une cité antique accueillant une autre. Un dialogue entre deux mémoires fondatrices du bassin méditerranéen. Entre deux façons de se souvenir — ou d’apprendre à durer.
La rédaction vous conseille :
Le Grand musée égyptien : Le plus grand projet culturel dans le monde
Les astronomes de l’aube : quand l’Égypte antique scrutait les étoiles
Khaled El-Enany : « L’UNESCO doit redevenir la maison de la conscience universelle »