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Au fil de l’Histoire

GME: Farouk Hosni, l'artiste qui a rêvé du projet culturel le plus ambitieux du siècle

Farouk Hosni, ancien
Farouk Hosni, ancien ministre de la Culture

Le Grand Musée Égyptien n’est pas seulement un édifice monumental dressé aux portes du plateau de Gizeh. C’est le fruit d’une vision, celle d’un homme pour qui la culture était indissociable de la modernité : Farouk Hosni, ministre égyptien de la Culture de 1987 à 2011.

Sous son impulsion, un rêve longtemps jugé irréalisable a pris forme : offrir à l’Égypte un musée à la mesure de sa civilisation.

Un architecte italien présent à table lui glisse avec désinvolture : « Alors, comment va votre entrepôt du Caire ? ». Piqué au vif, Hosni répond spontanément : « Nous sommes en train de planifier le plus grand musée du monde ! »

Un musée né d’une frustration

Chaque fois que Farouk Hosni franchissait les portes du musée du Caire, place Tahrir, il ressentait un mélange de fierté et d’oppression. Ce bâtiment historique, inauguré en 1902 par Mariette Pacha, était devenu au fil du temps un espace saturé, presque un entrepôt d’antiquités. « En tant qu’artiste, ce spectacle me donnait littéralement mal à la tête », confie-t-il. « Je voulais lui rendre sa splendeur, mais il était impossible de déplacer les grandes statues ou de modifier l’architecture. J’ai donc commencé à penser autrement — à penser hors du cadre et hors du musée. »

Lire aussi : Le Grand musée égyptien : Le plus grand projet culturel dans le monde - Par Yasser Ghobeiry

C’est à Paris, lors d’un déjeuner au siège de l’Institut du Monde Arabe, que le destin s’en mêle. Un architecte italien présent à table lui glisse avec désinvolture : « Alors, comment va votre entrepôt du Caire ? ». Piqué au vif, Hosni répond spontanément : « Nous sommes en train de planifier le plus grand musée du monde ! » Cette phrase, lancée sans préméditation, allait changer le cours des choses. L’architecte, enthousiasmé, lui propose aussitôt de présenter l’idée au Premier ministre italien — un ami personnel — et d’obtenir un soutien financier pour le projet. Dix jours plus tard, il était au Caire, prêt à visiter le futur site.

 

À la recherche du lieu idéal

À ce stade, le ministre n’avait pas encore d’emplacement précis en tête. Il improvise: « Près des pyramides », répond-il à son interlocuteur. Ensemble, ils partent en repérage et finissent par choisir un vaste terrain de 117 acres, non pas directement au pied des pyramides mais à proximité immédiate, dominant la route principale.

« Ce site offrait une perspective unique : il ne volait pas la majesté des pyramides, mais la prolongeait », explique Hosni.

L’homme d’État présente alors son idée au président Hosni Moubarak. Celui-ci demande : « Et le financement ? » Hosni lui raconte son échange avec l’architecte italien et la promesse d’un appui. Quelques jours plus tard, un décret présidentiel attribue officiellement le terrain au futur musée.

 

Un projet pharaonique, né d’un rêve personnel

Pour lancer le chantier, Farouk Hosni puise dans le Fonds de développement culturel, où il avait mis de côté des sommes destinées aux grands projets de modernisation. « Je voulais consacrer ces ressources à deux projets : le Grand Musée Égyptien et le Musée de la Civilisation. Nous avons commencé les études préliminaires du premier tout en achevant le second. »

Les premières étapes s’étalent sur huit ans : construction du centre de restauration, des réserves archéologiques et du passage reliant les deux phases du site. Avant cela, il avait fallu quatre années d’études de faisabilité en Italie, suivies d’une année et demie d’élaboration des cahiers des charges, un travail confié à une commission internationale indépendante réunissant des experts du Louvre, du musée de Turin et de l’Union internationale des architectes.

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Une compétition mondiale sans précédent

En 2001, l’Égypte lance le plus grand concours d’architecture muséale jamais organisé : 1 557 propositions issues de 83 pays, pour imaginer le musée du futur.

Le projet lauréat, aujourd’hui visible à Gizeh, associe modernité et symbolisme pharaonique : une façade monumentale composée de triangles imbriqués, écho contemporain aux pyramides voisines. Conçu pour accueillir plus de cinq millions de visiteurs par an, le Grand Musée Égyptien se veut le quatrième “pyramide” d’Égypte, un temple de la mémoire où la technologie, la lumière et l’architecture se conjuguent pour faire dialoguer le passé et l’avenir.

 

“Protéger la mémoire du monde”

Pour Farouk Hosni, l’objectif dépassait la seule muséographie : « Le Grand Musée Égyptien est une citadelle culturelle, un rempart pour nos trésors. Il incarne la continuité entre les bâtisseurs d’hier et les créateurs d’aujourd’hui. Depuis toujours, l’Égypte éclaire le monde ; il était temps de lui offrir un lieu à la hauteur de cette lumière. »

 

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